L’alimentation peut-elle induire ou prévenir un cancer chez chien ou chat ?
Surpoids : un facteur de risque de cancer indiscutable
Un lien entre surpoids et cancer chez le chien a été mis en évidence dès 2007.
Réf : Weeth LP, Fascetti AJ, Kass PH, Suter SE, Santos AM, Delaney SJ. Prevalence of obese dogs in a population of dogs with cancer. Am J Vet Res. 2007 Apr;68(4):389-98.
Quels aliments supprimer pour prévenir le cancer ?
On aimerait pouvoir répondre facilement. Mais en réalité c’est extrêmement difficile. D’abord les cancers sont très divers. Et de nombreux facteurs entrent en compte, qui peuvent augmenter les risques, chez l’homme, le chien, le chat… comme la pollution, mais aussi le fait de vivre plus vieux.
Concernant l’alimentation, ce n’est pas un aliment ou un autre, mais plutôt un contexte. Le plus connu est en réalité le surpoids et l’obésité. Que sait-on ?
Alimentation, stérilisation et tumeurs mammaires chez la chienne.
Il est clairement établi que la castration précoce de la chienne (avant les premières chaleurs si possible) diminue le risque ultérieur de tumeurs mammaires MAIS… en fait cela dépend de l’état corporel de la jeune chienne.
Si la chienne est en surpoids, son risque de tumeur mammaire n’est pas diminué par la castration.
Castrée ou pas et quel que soit l’âge de la castration, les chiennes minces avant l’âge de 1 an ont un risque inférieur de tumeurs mammaires aux chiennes souffrant ou ayant souffert d’obésité juvénile (Sonnenschein et al., 1991).
Réf : Sonnenschein EG, Glickman LT, Goldschmidt MH, McKee LJ.Body conformation, diet, and risk of breast cancer in pet dogs: a case-control study. Am J Epidemiol. 1991 Apr 1;133(7):694-703.
Même si l’explication de ce lien obésité-risque de tumeur mammaire n’est pas encore clair (on pense que le relais hormonal est pris par le tissu adipeux qui produit beaucoup de surbstances inflammatoires), on peut toutefois que conseiller de maîtriser l’alimentation durant la croissance de manière à éviter l’obésité juvénile de la chienne.
Cancer de la vessie
Une étude sur les carcinomes transitionnels de la vessie a également mis en évidence un lien entre le surpoids et l’obésité, et le risque de cancer de la vessie chez le chien (Glickman & al. (1989).
Réf : Glickman LT, Schofer PS, McKee LI, Reif JS, Goldschmidt MH (1989) Epidemiology study of insecticide exposures, obesity, and risk of bladder cancer in household dogs. J Toxicol Environ Health 28, 407-414.
L’alimentation peut-elle aider l’animal une fois le cancer présent ?
L’alimentation du patient cancéreux doit permettre de répondre à plusieurs attentes, en particulier lutter :
– contre les effets indésirables du cancer lui-même sur le métabolisme
– contre les effets indésirables du traitement du cancer, accompagner ce traitement
Enfin, parfois une autre affection organique est présente, une insuffisance rénale par exemple, qu’il faut prendre en compte.
Dans ce contexte, une alimentation ménagère est une bonne option :
- La composition peut être adaptée à la situation précise : cela n’a été démontré qu’en cas de lymphome, mais un apport de très peu de glucides, et beaucoup de protéines avec certains acides aminés, et beaucoup d’EPA+DHA acides gras oméga 3 à chaine longue…semble améliorer le patient en traitement.
- Le volume peut être adapté selon la situation mais aussi l’appétit, tout en gardant une alimentation équilibrée
- C’est une alimentation très digestible (moins de travail pour le tube digestif, les reins…)
- Enfin, c’est une forme d’alimentation généralement très appréciée.
Principes
Quantité :
On calcule le besoin énergétique (BE) pour le poids optimal et toutes les caractéristiques de l’individu. On peut augmenter de 10% après une semaine si cet apport ne suffit pas à maintenir le poids.
Si le chien est très maigre (moins de 80% de son poids optimal), on calcule bien la ration pour le poids optimal, et dans un premier temps, on peut augmenter l’ensemble de la ration de 10%. Dès le poids optimal atteint, on revient aux quantités calculées.
Équilibre :
– On apporte les protéines par une viande ou un poisson, pour que finalement l’aliment présente une teneur protéique élevée, sauf en cas d’insuffisance rénale ou hépatique.
– On apporte plus d’énergie (au moins 50%) par des lipides (sauf en cas de problème dans la fonction biliaire), en choisissant la viande ou le poisson les mieux adaptés.
Ajouter des huiles de poisson des mers froides en capsules pour apporter EPA+DHA (gélules d’huile de poisson, mais pas d’huile de foie de morue). On garde tout de même l’huile de colza dans la ration, car les acides gras apportés sont différents et restent indispensables.
Mécaniquement, ces adaptations diminuent la part d’énergie apportée par des glucides assimilables (amidon + sucres).
– On choisit un apport de fibres adaptées selon la localisation du cancer et les capacités de transit, et les troubles secondaires.
Selon l’état corporel et l’appétit, on choisit d’apporter plus ou moins de légumes (plutôt des courgettes chez une animal obèse, avec un gros appétit, plutôt des haricots verts dans les cas inverses.
L’ajout de sources de fibre soluble (pectines par exemple) est intéressant, mais en excès peut générer gaz, inconfort digestif et diarrhée.
Plusieurs solutions
– apport de yaourt + pomme.
– ajout de son de blé en cas de constipation ou de refus de légumes.
– Apport du reliquat énergétique par un féculent type lentille, ou éventuellement riz ou pâtes si on veut en conserver (parfois c’est nécessaire pour diminuer l’apport de protéines).
– Complément minéral et vitaminé : indispensable avec la viande/poisson, à adapter selon le statut physiologique et pathologique autre que cancéreux.
– Faut-il ajouter des antioxydants ? Aujourd’hui aucune recommandation particulière n’a été montrée efficace dans le traitement à ce jour.
Rythme
Fractionner les apports : au moins 3 voire 4 repas / jour chez le Chien, au moins 4 chez le Chat.
Ce rythme peut être modulé en cas d’atteinte du tube digestif.
Des rations ménagères sur-mesure pour chien et chat cancéreux sont accessibles aux vétérinaires le site cuisine-a-crocs.com
Exemple de recette pour chien cancéreux
(apportant 1000kcal par lipides 64%, Protéines 31%, Glucides 5%)
-200 g de Boeuf 15%MG ou Filet de Saumon
-150 g de Boeuf 5%MG
-30 ml d’Huile de colza
-30 g de lentilles vertes cuites égouttées écrasées
-1/2 pot de 125g de Yaourt nature
– 12 g (15 ml) de Vit’i5* Orange ou Bleu
– Gélules de Omega 3 (EPA+DHA) selon poids
** Vit’i5 Orange si l’animal est jeune et sans insuffisance rénale ou cardiaque ; Vit’i5 Bleu si l’animal est âgé ou lors d’insuffisance rénale ou cardiaque
Vidéo : faut-il modifier l’alimentation d’un chien qui souffre d’un cancer ?
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