lipides

Les Lipides

Les lipides ou matières grasses sont indispensables à plusieurs titres dans l’alimentation des chiens et des chats.

Apport d’énergie

Ils apportent de l’énergie très facilement digérée et utilisée : 1 gramme de lipide contient 9 kcal.
En l’absence de lipides, le chien et le chat doivent trouver l’énergie dans les protéines et les glucides (amidon, sucres).
Or, s’ils utilisent bien les protéines, surtout animales, ils ne peuvent être nourri avec d’énormes quantités de glucides, ils ne les digèreraient pas.
A contrario, bien sûr, plus un aliment est riche en lipides, plus il est concentré en énergie.

Il faut donc adapter l’alimentation et sa composition en fonction des situations :

Lipides et acides gras essentiels

– Ex. 1 – un chien stérilisé : il a un besoin calorique réduit, mais un appétit souvent intact. On choisit donc de lui apporter un aliment à teneur en lipides modérée. S’il a malgré tout une activité physique très intense, son besoin calorique peut être très élevé. Il faudra alors proposer un aliment plutôt riche en lipides pour que la quantité à consommer ne soit pas trop élevée.
– Ex. 2 – un chaton : son besoin énergétique est extrêmement élevé et il digère assez mal l’amidon. Il est  donc souhaitable de lui donner un aliment très riche en matières grasses.

→ Au moins 10% de lipides (/ matière sèche) sont souhaitables dans l’alimentation d’un chien ou d’un chat adulte en bonne santé. On peut descendre à 8 voire 4% dans certaines situations pathologiques, et augmenter progressivement jusqu’à 90% dans des cas extrêmes comme les courses de chiens de traineau. Mais attention, un excès ponctuel, comme un chien qui consomme une plaquette de beurre en une fois, peut avoir de graves conséquences, comme une pancréatite aiguë.

Vecteurs de flaveurs et de vitamines

Les lipides véhiculent les flaveurs, ils sont donc très appréciés du chien et du chat.
Il véhiculent aussi les vitamines dites liposolubles (A, D, E, K) et facilitent leur absorption.

Lipides particuliers

Enfin, certains d’entre eux sont indispensable pour différents rôles particuliers (reproduction, croissance, immunité, intégrité de la peau…) : ce sont les acides gras essentiels.

Les Acides gras essentiels

Les acides gras essentiels (dits AGE) sont l’acide linoléique (chef de file de la série oméga 6 ou ω6) et l’acide alpha-linolénique (chef de file de la série oméga 3 ou ω3) chez le chien et le chat. Chez le chat, un troisième est indispensable : l’acide arachidonique (que l’on trouve dans la viande).

Chez le chiot et le chaton, ainsi que chez les femelles en gestation, et également chez les seniors, on recommande en plus d’apporter des acides gras oméga 3 à chaine très longue, dits EPA (acide éicosapentaénoïque) et DHA (acide doco-hexa-énoïque)

Les rôles des acides gras des deux séries sont différents, mais ils suivent des voies métaboliques communes. Leur apport doit être en équilibre : ratio ω6/ω3 proche de 5 lorsque les animaux sont en bonne santé.
A partir du chef de file, l’organisme peut fabriquer les autres acides gras de la même série (les oméga 6 à partir de l’acide linoléique, les oméga 3 à partir de l’acide alpha-linolénique).

Le chat chez lequel l’activité des enzymes dites « désaturase » n’est pas élevée doit en plus recevoir de l’acide arachidonique dans son alimentation.

Où se trouvent les acides gras essentiels ? Que deviennent-ils ?

Les acides gras sont majoritairement dans les membranes des cellules, et plus précisément dans les phospholipides des membranes.

Les phospholipides contiennent 2 acides gras, généralement un acide gras saturé en liaison 1 et un acide gras polyinsaturé en liaison 2.

Lorsque l’organisme réagit à un évènement par une réponse inflammatoire, il y a production de phospholipase A2 (par les macrophages par exemple). Cette enzyme libère les acides gras [2] des phospholipides, c’est-à-dire préférentiellement des acides gras polyinsaturés.

C’est alors que cet acide gras libéré est disponible à l’action d’autres enzymes : lipoxygénase et cycloxygénases, qui permettent la synthèse des éicosanoïdes (prostaglandines, thromboxanes, leucotriènes). Selon l’acide gras libéré (dans l’exemple ci-contre c’est l’acide arachidonique), des éicosanoïdes différents sont synthétisés, avec des rôles également différents.

Rôles comparés des oméga 6 et des oméga 3

Dans l’organisme, les effets des éicosanoïdes issus des acides gras de la série oméga 6 sont plutôt pro-inflammatoire, pro-aggrégant plaquettaire et vaso-constricteur. Ceux des éicosanoïdes issus des oméga 3 sont plutôt anti-inflammatoire, anti-aggregant plaquettaire et vaso-dilatateur.

Il faut un équilibre entre les deux séries pour que l’organisme fonctionne correctement, que la coagulation soit possible quand on se coupe, que la réaction inflammatoire permette de lutter contre des agressions extérieures et que les vaisseaux adaptent leur tension en fonction des apports en eau, en sel, ou lors des variations de température extérieure, pour maintenir constante la température corporelle lorsqu’il fait chaud ou froid.

Comme les précurseurs des éicosanoïdes actifs sont soumis à l’action des mêmes enzymes (la phospholipase A2 ne choisit pas entre un phospholipide portant un acide gras oméga 6 ou oméga 3), les éicosanoïdes produits sont le reflet des acides gras présents dans les membranes cellulaires. Chez les mammifères non ruminants, comme le chien et le chat, cette composition dépend de la composition de l’alimentation. Le temps de renouvellement des phospholipides membranaires étant assez long, il ne faut pas s’attendre à un effet immédiat de la consommation en grande quantité d’acides gras de telle ou telle série, mais plutôt après quelques semaines.

On considère que l’équilibre optimal entre oméga 6 et oméga 3 pour l’organisme sain est environ 5 fois plus d’oméga 6 que d’oméga 3. Dans le cas de certaines maladies  (inflammation chronique, arthrose, certaines atteintes des reins, allergie ou troubles dermatologiques), on peut jouer sur ces rôles en favorisant plus qu’à l’accoutumée les oméga 3, en ajoutant EPA et DHA, des omégas 3 à chaine très longue, pour limiter l’inflammation, lutter contre l’hypertension, limiter une coagulation excessive…avec des effets variables.

Quelles sont les sources d’acides gras essentiels ?

Les acides gras essentiels se trouvent en quantité variable dans les huiles végétales.

Pour être intéressante, une huile doit contenir à la fois un ratio optimal entre oméga 6 et oméga 3, mais aussi une quantité suffisante de ces acides gras. Un aliment qui présenterait un bon ratio mais qui ne contiendrait que très peu d’acides gras n’aurait aucun intérêt.

L’huile de colza et l’huile de soja présentent un équilibre oméga6/oméga3 de 2 et 7. En outre, elles contiennent un pourcentage de ces acides gras assez élevé, ce qui les rend extrêmement intéressantes, en particulier pour équilibrer une ration ménagère. L’huile de noix est tout aussi intéressante. Toutefois son coût et sa forte odeur nous empêche de l’utiliser pour les chiens ou les chats.

Enfin, l’huile d’olive, très appréciée des chats et réputée chez l’homme, contient surtout de l’acide oléique, un acide gras de la série oméga 9 (acide gras monoinsaturé qui n’est pas indispensable), et ne contribue pas à apporter des acides gras essentiels.

Le tableau ci-contre détaille les autres huiles courantes.

Attention, les huiles végétales riches en acides gras essentiels sont sensibles à la chaleur. On les ajoute donc crues à l’alimentation, mais on ne les utilise pas pour la cuisson.

Que se passe-t’il en cas de carence ?

– En lipides : inappétence, difficulté à couvrir le besoin énergétique, carence secondaire en vitamines liposolubles (A,D,E)

– En acides gras essentiels :poil terne, peau en mauvais état, troubles de la cicatrisation et /ou de la coagulation, troubles de la reproduction et portées peu viables…

Recommandations

Chez le chien sain :
– En % de la matière sèche (MS) d’un aliment à 4kcal/g MS

  • Acide linoléique : de 0,33 à 1,3 %MS
  • Acide alpha-linolénique de 0.02 à 0.08%MS
  • EPA + DHA de 0.01 à 0.05 %MS   (NRC,2006)– En rationnement ménager :

il faut au moins 5% de l’énergie sous forme d’huile de colza ou de sojapour apporter suffisamment d’AGE à un adulte en bonne santé.
Grossièrement, il faut 5 ml d’HUILE DE COLZA pour 5 à 10 kg de poids corporel, pour un animal en bonne santé (attention valeur indicative, variable selon l’animal et la ration),& HUILE DE POISSON … (en plus de l’huile de colza, qui reste indispensable pour apporter les autres acides gras)
COMBIEN ? une gélule de 500mg d’huile de poisson riche en oméga 3 par tranche de 5kg de poids pour chien ou chat en bonne santé est une dose bien adaptée. Elle peut devoir être augmentée (x 2 à x 4) dans certains cas pathologiques.

Les graisses sont-elles bien digérées par le chien et le chat?

– OUI ! Les carnivores, chiens et chats, digèrent très bien les graisses. De ce fait, ils les tolèrent bien, bien mieux que l’homme. Si les besoins en calories augmentent beaucoup (chez le chien de sport, de chasse ou de traineau par exemple, et chez les femelles en lactation en particulier), on apporte plus de matières grasses pour apporter beaucoup de calories dans un petit volume. Cet apport est bien mieux digéré que l’amidon.

Mais, quand on apporte beaucoup de graisses, il vaut mieux apporter des graisses saturées, animales, que des huiles végétales. On laisse toujours une portion d’huiles végétales pour apporter les acides gras essentiels (car ils sont toujours essentiels !). Mais c’est l’énergie apportée en plus que l’on apporte par des graisses saturées. Soit par une viande grasse, soit par un apport direct de graisse de canard, ou de porc (saindoux) ou encore de boeuf (saindoux).

Dr Vet Géraldine Blanchard

Sources complémentaires sur le même thème

Lipides et acides gras essentiels

2 avis sur « Lipides et acides gras essentiels »

  • 8 juillet 2023 à 10 h 19 min
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    bonjour

    est il possible, svp, pour une ration ménagère, d’alterner graisse de canard et huile de poisson pour remplacer les huiles végétales ?

    d’avance merci

    Répondre
    • 15 septembre 2023 à 11 h 42 min
      Permalien

      bonjour
      Non ! l’huile de colza apporte des acides gras essentiels omega 6 et omega 3 qui ne seront pas apportées en quantités équivalentes dans les graisses de canard et les huiles de poisson.
      Vous pouvez apporter de la graisse de canard pour apporter du gras, des calories, dans la ration d’un chien.
      Vous pouvez apporter un peu d’huile de poisson pour apporter des omega 3 à chaine très longue, EPA+DA, intéressants, mais ils ne remplacent pas ceux apportés par les huiles de colza ou soja ou mélanges équivalents
      bonne continuation

      Répondre

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