mycotoxines

Les mycotoxines dans l’alimentation des chiens et des chats

Mycotoxines et pet food… Les aliments pour chiens et chats sont-ils sûrs ? Quels risques associés à la consommation de mycotoxines ? Faut-il mieux du sans céréales ou du bio ?

Les mycotoxines, qu’est ce que c’est?

Les mycotoxines sont des toxines produites par certains champignons qui se multiplient dans les champs sur les grains et graines (céréales, tournesol), mais aussi les tubercules (manioc, pomme de terre, patate douce…). Ce n’est donc pas seulement une histoire de céréales !

mycotoxinesPlus il pleut l’été avant la récolte, plus les champignons apprécient et se développent.

Comme il peut y avoir plusieurs champignons qui se développent dans les mêmes conditions, et donc dans le même champ, le risque de retrouver plusieurs mycotoxines dans une même production est élevé.

Plus on utilise d’anti-fongique sur les cultures, moins il y a de champignons et de risque de mycotoxines (tous les champignons n’en produisent pas, mais on ne choisit pas les champignons dans les champs !). Ainsi la présence de mycotoxines est un risque bien connu de la production bio, en raison de l’absence de traitement anti-fongique.

Les mycotoxines sont peu sensibles au stockage et à la chaleur, et on les ingère en consommant les aliments contaminés.

La présence de mycotoxines est donc assez classique. Il y a diverses mycotoxines, zéaralénone, vomitoxine, aflatoxine… plus ou moins toxiques, selon la dose. Le problème est que l’on a peu d’études scientifiques disponibles chez le chien et le chat pour indiquer à quelle dose, et en combien de temps d’exposition, telle ou telle mycotoxine induit des symptômes, ni surtout pour indiquer les effets de plusieurs mycotoxines différentes consommées simultanément.

Il est évident que plus la consommation est variée, fréquente et en quantité, plus le risque de conséquences pour la santé est élevé.

Symptômes associés à une intoxication aux mycotoxines

fusariumLes toxicités les plus connues sont les vomissements à haute dose (vomitoxine ou VON) et baisse d’appétit à petite dose chronique (déoxynivalénol ou DON, la plus fréquente des toxines par Fusarium), troubles de la fertilité et la reproduction (zéaralénone), hépatite (aflatoxines), rénale (ochratoxine A).
Une étude récente au Brésil suggère un lien entre aflatoxines et tumeurs mammaires chez la chienne (Frehse et al., Food Chem Toxicol, 2015).

Une autre étude brésilienne montre que parmi 100 échantillons de croquettes analysés, la grande majorité contient des mycotoxines (fumonisines (68%), zéaralénone (95%) & aflatoxines (68%)), bien que la quantité soit faible (Bissoqui et al., J Sci Food Agric, 2016). Actuellement les inconnues sont d’une part la conséquence d’une longue durée d’exposition, même à petites doses, et d’autre part l’effet de la consommation simultanée de plusieurs toxines.

Une étude récente, expérimentale, suggère que de petites doses (appelées doses sans effet observable, ou NOAEL pour no observable adverse effect) de zéaralénone seule peut avoir un effet sur des chiennes prépubères et augmenter le risque d’hyperoestrogénisme exogène (Stopa et al., Theriogenology, 2014).

Les mycotoxines dans les croquettes pour chiens et chats

Certains fabricants de croquettes testent la concentration en plusieurs mycotoxines. La réglementation européenne pour le petfood, donne une valeur maximale assez basse pour l’aflatoxine B1, et des valeurs guides pour les autres mycotoxines. Mais cela ne concerne que les aliments fabriqués en Europe… Encore faut-il que les fabricants fassent les analyses, qui restent couteuses ! Cela devrait être fait à chaque lot de fabrication ou sur chaque lot de matière première avant de fabriquer. Il est tout à fait possible (et sain) de demander au fabricant des analyses de teneurs en mycotoxines de leurs croquettes en cas de doute.

mycotoxines croquettesDans une récente étude sur des croquettes pour Chien fabriquées en Chine (Shao et al., 2018), les auteurs constatent que près de 97% des échantillons contiennent au moins 3 mycotoxines, donc l’une, l’aflatoxine B1, systématiquement au dessus du seuil européen autorisé (utilisé dans le monde comme référence, car la réglementation européenne en petfood est considérée comme la plus stricte)…

Dans une étude italienne (Grandi et al, 2019), l’analyse de 64 croquettes pour Chat achetées en Italie montre des mycotoxines (déoxynivalénol et fumonisines) dans 80 et 95 % des échantillons respectivement. À l’inverse, les aflatoxines B2, G1 et G2 n’ont été identifiées dans aucun échantillon. Certains aliments dépassaient la limite réglementaire pour l’aflatoxine B1 (3/64) ou les valeurs guides pour la zéaralénone (3/64), les fumonisines (2/64), l’ochratoxine A et la T-2 (1/64). La présence de plusieurs mycotoxines est fréquente : 28, 42 et 8 % des échantillons contenaient des quantités quantifiables de deux, trois et quatre mycotoxines, respectivement.

Une étude similaire en Pologne (Witaszak et a., 2019 et 2020) pour chiens et chats montre que moins de 10% des échantillons ne contiennent aucune mycotoxines de Fusarium. Mais la majorité des aliments qui contiennent des mycotoxines en contiennent peu, en général sous le seuil autorisé ou recommandé, mais contiennent plusieurs toxines simultanément…

Mais alors, que faire face au risque d’intoxication ?

Plus on en sait, plus on a peur… Oui mais… Le risque 0 n’existe pas dès lors que l’on veut se nourrir… et nourrir son chien et son chat. Chaque étude d’un risque fait découvrir une information qu’il faut tout de même relativiser en pratique.

Les aliments qui poussent dans les champs contiennent des champignons, c’est la loi de la nature. Les anti-fongiques permettent de limiter la pousse des champignons, notamment en cas d’été pluvieux. L’analyse des matières premières permet de limiter l’incorporation d’ingrédients à risque, ou de les mélanger avec des ingrédients à moindre concentration.
Pour plus, il faudra attendre d’autres études, sur les conséquences de la consommation de plusieurs mycotoxines simultanément à long terme…

Nutritionnellement vôtre

Dr Vet Géraldine Blanchard

Références :

Bissoqui et al. Exposure assessment of dogs to mycotoxins through consumption of dry feed. J Sci Food Agric. 2016;96(12):4135-4142.
Frehse et al. Aflatoxins ingestion and canine mammary tumors: There is an association? Food Chem Toxicol. 2015 ;84:74-8.
Grandi al. Occurrence of Mycotoxins in Extruded Commercial Cat Food. ACS Omega. 2019;4(9):14004-14012
Shao et al. Mycotoxins in commercial dry pet food in China. Food Addit Contam Part B Surveill. 2018;11(4):237-245
Stopa et al. The effect of experimental exposure to low doses of zearalenone on uterine histology and morphometry in prepubertal bitches. Theriogenology. 2014;82(4):537-545
Witaszak et al. Fusarium Species and Mycotoxins Contaminating Veterinary Diets for Dogs and Cats. Microorganisms. 2019;7(1):26
Witaszak et al. Contamination of Pet Food with Mycobiota and Fusarium Mycotoxins-Focus on Dogs and Cats.  Toxins, 2020;12(2), 130.

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