Viande…Poisson… Protéines… pourquoi ? combien ?

Viande et Poisson dans une ration maison pour chien ou chat : pourquoi et en quelle quantité ?

Dans une ration ménagère pour chiens et chats, viande (entendez muscle) et filet de poisson sont d’excellentes sources de protéines et d’acides aminés dans le bon équilibre

En ration ménagère, c’est sous cette forme que l’on apporte la grande majorité des protéines.

Une cuisson modérée n’altère pas la digestibilité et la bonne disponibilité des acides aminés. La quantité compte. La qualité est là.

En ration industrielle, on peut mélanger plusieurs sources de protéines, pas toutes bien équilibrées en acides aminés, et qui ne suffiraient pas si elles étaient données seules, mais ensemble, elles peuvent se compléter.

Toutefois, il y a peu de muscles dans ces sources, et cela nécessite parfois l’ajout de quelques acides aminés en plus, pour garantir les apports minima nécessaires, notamment en tryptophane, lysine, méthionine par exemple.

Est-il risqué de donner trop de protéines ?

NON, à 4 conditions:

1- Si l’animal dispose d’eau et peut boire à volonté.
Noter toutefois que quand l’alimentation est humide, comme avec une ration ménagère, chiens et chats peuvent boire très peu, et pourtant consomment de grandes quantités d’eau en mangeant.

2- Si l’aliment est équilibré = si l’aliment apporte tous les nutriments nécessaires.
(Et et pas seulement une source de protéines.)

3- Si les protéines sont digestibles = peuvent être correctement digérées.

Grâce aux enzymes digestives, les acides aminés libérés sont absorbés et passent dans le sang pour profiter au chien et au chat.

4- Si l’animal est en bonne santé = n’a pas de maladie qui limite la bonne élimination des déchets azotés (urée, créatinine…) par les reins.

Et si l’une des 4 conditions n’est pas réunie ?

 – L’eau :

Un chien et un chat doivent pouvoir disposer d’eau en permanence.

Le risque concerne surtout les chiens qui font des efforts longs (comme une journée de chasse ou d’exercice intense) et consomme peu ou pas d’eau : cette circonstance peut abimer ses reins, et déclencher une insuffisance rénale aiguë.

Si ce chien consomme beaucoup de protéines avec un aliment sec et ne peut pas boire, le risque est encore plus grand.

– L’équilibre :

les protéines sont un nutriment, mais il y a en a beaucoup d’autres, qui doivent être en équilibre pour bien couvrir les besoins. Un animal est biologiquement adapté à consommer des aliments, pas des nutriments. Dans une soirée, le chat haret ne mange pas que les muscles, il mange tout (sauf la vésicule biliaire). Si on donne uniquement ou majoritairement de la viande ou du poisson, on donne aux chiens et aux chats beaucoup de protéines, un peu de graisse, du phosphore, mais pas de calcium, pas de fibres, peu de vitamines… bref on offre une alimentation très carencée en de nombreux nutriments… avec des conséquences graves à coup sûr. On peut observer des troubles digestifs par manque de fibre, une fatigue par manque de minéraux, vitamines et oligo-éléments. Mais la conséquence plus néfaste n’est pas l’apport de protéines, mais l’apport de phosphore sans calcium !

La conséquence la plus rapidement visible est un trouble de la croissance, avec fractures spontanées (plutôt chez le chaton) et pattes arquées (plutôt chez le chiot), qui surviennent en quelques semaines chez un jeune en croissance. Plus sournoise car moins rapidement visible chez l’adulte, ce sera des douleurs globales, notamment, qui peuvent se manifester par un caractère irascible (en fait le chat a mal quand on le touche !) en lien avec une déminéralisation des os, des fractures spontanées et des calcifications des tissus mous, des cristaux urinaires… en relation avec la déminéralisation du squelette pour ramener du calcium dans le sang…

– La digestibilité des protéines :

La peau et le collagène sont des protéines non digérées si elles sont consommées crues. Elles pourront être fermentées (en fait on dit putréfiées) dans l’intestin, et cela génère des gaz malodorants. Comme de nombreuses protéines végétales, le collagène doivent être cuit pour être digéré par le chien et le chat.

Enfin, le blanc d’œuf contient des facteurs de protection de l’œuf, qui empêche l’activité de la trypsine, première enzyme de la digestion des protéines. Pour éviter ce problème, et inhiber ces facteurs dits anti-trypsiques, on doit cuire le blanc d’œuf.

– En bonne santé :

En cas d’insuffisance rénale chronique, on limite l’apport de protéines au seul besoin, pour éviter générer des déchets azotés que le rein malade ne saurait pas éliminer. On couvre le besoin minimal de 5g de protéines par kg de poids optimal chez le chat. (Mais pas plus dans ces cas-là).

Chez le chien, on diminuer au minimum en cas de maladie rénale débutante, et encore un peu plus en cas de maladie rénale avancée.
Noter que l’apport en phosphore doit, lui, être limité dès le début. Le phosphore accompagne souvent les protéines dans les aliments. De plus, la viande de muscle est la source de protéines avec le moins de phosphore (ratio phosphore / protéines le plus faible).

En cas de maladie rénale, une ration ménagère équilibrée est donc une excellent solution pour réduire l’apport de phosphore sans trop réduire l’apport en protéines, par ailleurs d’excellente qualité.

Pas assez de protéines : quelles conséquences ?

Nombreuses, mais sournoises !

Un apport trop faible en protéines créé des carences.

La première conséquence est un poil et la peau en mauvais état (troubles cutanés). Mais il y a également une mauvaise immunité (sensible aux infections, au parasitisme, mauvaise protection par les vaccins…), troubles digestifs, fatigue, fonte musculaire…
Dans les cas graves ou les carences prolongées, cela va jusqu’à des troubles de la formule sanguine, des œdèmes et la mort.
Après l’eau, les protéines sont sont le constituant majeur du corps (20% de l’organisme, hors lipides).
Elles ont un rôle à la fois structurel (os, muscle, peau, tendons, ligaments, collagène…) et fonctionnel (enzymes, hormones, anticorps…), et permettent d’assurer de nombreuses fonctions vitales.
La peau et le pelage consomment 30 % du besoin en protéines. C’est une sorte de vigie non vitale : regarde mon poil, je te dirai si mon alimentation est correcte. Lorsque la peau est mal nourrie, elle est mal protégée : elle devient inflammatoire. L’animal est gêné, se gratte (il y a aussi les puces pour provoquer cela !). Ainsi, de petites lésions et une mauvaise immunité peuvent facilement faire le lit à une surinfection.

L’alimentation est la première mise en cause en cas poil terne, avec des squames (des pellicules)… Avant de parler d’allergie, il convient d’essayer une alimentation d’excellente qualité. En cas de doute, essayer une ration ménagère équilibrée, adaptée à votre animal, pendant 2 mois.

Des protéines : combien ?

C’est variable. Les besoins en protéines varient en fonction du poids de votre animal, mais aussi du cycle de la vie (croissance, gestation, lactation…).

La quantité minimale de protéines chez le chien et le chat adulte :

🐕 Chez le chien et selon l’activité, la stérilisation, le format et l’âge il est nécessaire de lui donner entre 3 et 6 g protéines/kg de poids corporel/jour
🐈 Chez le chat, il est nécessaire de donner au moins 5 g protéines/kg de poids corporel/jour. Chez l’adulte en bonne santé on sera plutôt entre 5,2 et 6g / kg de poids optimal.

Attention à ne pas confondre viande et protéines ! mais c’est une autre histoire !

Les protéines dans une ration ménagère, ça fait combien de viande ?

La teneur en protéines tourne autour de 20% mais est variable : de 17 à 24 grammes de protéines dans 100 grammes de viande ou filet de poisson pesé cru.

Que change la cuisson ?

En cuisant, la viande et le poisson perdent de l’eau, mais pas de protéines ! Comme on ne peut pas facilement savoir combien d’eau est perdue avec la cuisson, peser cru est la meilleure façon de savoir ce qu’on aura dans la ration finale.

Dr Vet Géraldine Blanchard

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